Vie de prof: tout un poisson d’avril

En ce beau dernier vendredi de mars, j’ai décidé de faire d’une pierre, deux coups. Je me disais que j’avais délaissé quelque peu ma rubrique « Vie de prof ». Mais, comme nous sommes vendredi, c’est aussi le temps d’un billet léger du vendredi. Alors, aussi bien joindre l’utile à l’agréable.

On retourne en arrière d’une année. Nous sommes vendredi le 1er avril. J’enseigne en 1ère et 2e année à l’école d’un petit village nommé Ste-Angèle-de-Mérici.

Ceux qui me connaissent bien savent que je suis un pas pire farceur à mes heures. Cette journée-là, j’étais complètement en feu. Je vous raconte.

La veille, avec les enseignants de mon école, nous avions convenu de faire un gros poisson d’avril aux élèves de l’école. C’est un avantage d’enseigner dans une petite école (seulement 5 classes en tout et moins de cent élèves), tout le monde se connait, autant les profs que les élèves.

Alors, je décide d’arriver assez tôt à l’école pour finaliser le tout. Mais, avant de faire tout cela, il me vient à l’idée que je suis aussi bien d’en profiter pendant que je suis seul dans l’école pour « faire le bordel » un peu! Donc, j’ai viré pas mal toutes les classes complètement à l’envers: bureaux tournés vers l’arrière de la classe, chaises disparues autant pour les élèves que mes collègues de travail, matériel scolaire caché, etc. Je commençais la journée en force!

Puis, vint le temps de finaliser notre gros poisson d’avril aux élèves. Voici ce qu’on leur faisait croire. Environ 30 minutes après le début de la journée, l’enseignante responsable de l’école lorsque le directeur n’y était pas passerait dans nos classes pour nous dire qu’il y a un gros dégât d’eau dans une toilette du gymnase et qu’on devait fermer l’école pour la journée. Pour rendre le tout réaliste, puisque les élèves prennent le rang dans le gymnase, il fallait simuler un vrai dégât d’eau, ce que j’ai fait avec grand plaisir.

Quelques chaudières renversées dans la toilette et près de la porte dans le gymnase, une douche en marche pour donner l’impression qu’un tuyau fuit et nous étions près à les prendre comme il faut.

Alors, l’enseignante passe. Je la rejoins dans le corridor, elle « m’explique » ce qui se passe et je dois avertir les élèves que nous devons fermer l’école. J’ai découvert un champion de théâtre en moi! Ils n’ont vraiment rien vu aller.

C’est ce qui est le fun d’enseigner au primaire, ils sont encore très naïfs! 🙂

Les élèves préparent donc leurs sacs, s’habillent et se préparent à partir pour la fin de semaine. En plus, c’était une fin de semaine de trois jours puisque le lundi était pédagogique pour eux. La joie se lisait dans leurs visages. Pauvres enfants!

Une fois arrivés au gymnase, ils peuvent constater de visu le fameux dégât d’eau. Les rangs se forment, on leur donne les directives que les transports scolaires ont été appelés et qu’ils seront bientôt sur place. Le bruit de la douche fait son effet puisque c’est silence dans le gymnase. On peut voir les élèves chuchoter entre eux et parler du gros dégât.

Pendant ce temps, je remonte à l’étage pour aller chercher un immense poisson que nous avions préparé.

Après 5-10 minutes d’attente dans le gymnase, j’arrive finalement avec le poisson! POISSON D’AVRIL que nous (les profs) nous exclamons bien fort.

Si vous aviez vu leurs pauvres visages incrédules. Ça valait de l’or!

Je leur explique que c’était une blague, qu’il n’y a pas vraiment de dégât d’eau, que les transports scolaires ne sont pas en route et qu’ils doivent retourner en classe. Ouff! Déception totale!

Mais, puisqu’on n’est pas si méchant que ça, nous avions prévu une activité secrète en après-midi, une cabane à sucre à l’école.

Je leur explique donc que pour nous faire pardonner, nous avons organisé cette activité pour eux en après-midi. J’ai bien vu dans leurs visages que plusieurs croyaient encore une fois à un poisson d’avril, mais ce n’était pas le cas.

Retourné en classe, disons que le reste de la journée a été plutôt chaotique! On a couru après, alors c’est bien correct. Et ça permet aux élèves de voir leurs enseignants sous un autre jour.

Mais, ce n’était pas terminé pour moi!

Sur l’heure du diner, j’ai décidé de prendre une partie de mon heure de repos pour faire un dernier poisson d’avril aux élèves de l’école. Au point où nous en étions rendus de toute façon. C’est donc en remplissant le fond de tous les souliers des élèves de l’école, en faisant en casier à la fois, que j’ai accompli mon dernier tour. Désolé pour les écolos, j’ai gaspillé un peu de papier à main ce midi-là. Mais, ça en valait la peine.

Les élèves m’avaient déjà associés à tous les mauvais tours de la journée, aussi bien leur en donner pour leur argent.

À leur retour de diner, c’était assez drôle de les voir essayer de mettre leurs souliers sans en être capables! Un fou rire généralisé!

La journée était loin d’être terminée…

Pendant la dernière heure de cours, alors que nous étions tous à l’extérieur pour l’activité de cabane à sucre, les élèves n’avaient qu’une seule idée en tête: se venger. Et comme c’était moi le grand responsable de tous leurs déboires de la journée, j’en paierais les frais.

Et ils m’ont bien eu.

Lorsqu’il était temps de rentrer dans l’école pour partir pour de bon pour la fin de semaine, on regroupe les élèves à l’extérieur en rang. Je fais le décompte de ma classe, voyons, on dirait qu’il manque un élève. Je regarde à nouveau… Eh oui… Un élève est manquant. J’inspecte le rang de ma classe un peu pour m’apercevoir qui est manquant. Je regarde au loin dans la cour d’école s’il n’y est pas. Non… Personne à l’horizon.

Je rentre à l’intérieur de l’école, je vais aux toilettes. Personne là non plus. Je retourne à l’extérieur… Je m’informe aux autres enseignants, personne ne l’a vu. Je retourne dans l’école, je vais virer dans ma classe. Il n’y est pas non plus.

La panique s’installe tranquillement. On s’entend que la dernière chose que l’on souhaite lorsqu’on enseigne et qu’on fait une activité spéciale est bien de perdre un élève.

Je retourne à l’extérieur, je redemande aux profs s’ils l’ont vu. Toujours non.

C’est à ce moment précis que je me retourne, je regarde dans le cadre de porte de l’école, pour voir le fameux élève manquant accompagné d’une enseignante, avec le gros poisson qu’on avait utilisé le matin même dans les mains.

Et, tous les élèves de l’école de me crier un gros: « Poisson d’avril François »!

Oufff!! Je l’ai vraiment bien rit.

C’est sur ce moment d’excitation que la journée s’est terminée avec les élèves.

Une journée qu’ils n’oublieront pas de si tôt j’en suis certain.

Une journée que je n’oublierai pas de si tôt non plus! Et que l’ensemble de mes collègues n’oubliera pas également.

Durant cette journée, les élèves n’auront pas fait beaucoup de travail académique. Ils auront par contre appris à connaitre leurs enseignants sous une autre facette de leur personnalité.

Être enseignant, c’est aussi ça. Créer des liens avec ses élèves et leur apporter des moments magiques qu’ils n’oublieront jamais.

Mission accomplie.


5 réflexions sur “Vie de prof: tout un poisson d’avril

  1. Wow! Tu m’as bien fait rire ce matin! Beaucoup d’imagination dans ces poissons d’avril! Je vais peut-être me permettre de « t’emprunter » quelques mauvais coups pour mes élèves 😉

  2. jamais je n’oublierai le fou rire qu’on a eu, mais en passant tu as oublié de mentionner que vous aviez cacher les chaises des étudiants et qu’a la fin dla journée tu as eu l’heureuse surprise d’avoir dla margarine sur tes poignées de voiture et un poisson derrière ta voiture avec lequel tu t’es promené lolllllllllll

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