Dernièrement, on m’a souvent demandé quand je prévoyais retourner au travail. Pour le moment, la question ne se pose pas, d’un certain sens, puisque je suis toujours dans l’attente d’un contrat en enseignement. Ah, la vie d’enseignant à statut précaire (lire: La vie d’enseignant à statut précaire et Le « merveilleux » monde de l’éducation)!
Mais, quand un contrat me sera offert, que vais-je faire?
Depuis le 10 janvier, date de notre retour à la maison, j’ai toujours pensé que je me ferais offrir un contrat vers la fin janvier, début février. Bon, c’est plus long que prévu, mais je sais que ça viendra bien assez vite. Depuis un mois, je me dis que je ne croirais pas être capable de travailler avant la semaine de relâche (première semaine complète de mars).
Mais, plus le temps avance, plus je me rends compte que la côte est abrupte avant d’envisager un retour au boulot. La concentration fait défaut. La prise de décision est extrêmement difficile. Comment pourrais-je enseigner à 20-25 et même 30 élèves alors que j’ai de la difficulté à choisir entre deux chandails le matin, alors que je tombe dans la lune toutes les 15 minutes?
Pour faire ce métier, il faut être « toute là ». Il n’y a pas de demi-mesure possible. C’est 100% physiquement et mentalement, sinon, il vaut mieux rester à la maison. Les enfants ne doivent pas souffrir parce qu’on n’est pas capable de faire notre job. En tout cas, je sais que je ne veux pas leur infliger cela.
Donc, je prendrai mon temps. Je sais que de me retrouver dans une classe sera un choc au début. Ça fait partie des deuils du futur que l’on doit faire lorsque l’on vit un deuil périnatal.
Alors, est-ce que je retournerai au travail en mars, avril, mai? Je n’en sais trop rien. Le plus vite possible je l’espère, mais pas au point de pénaliser les enfants!
C’est très louables. Si tous les enseignants étaient dévoués comme toi, il y aurait moins de critiques générales envers notre système scolaire. Chapeau!
** louable sans s… Désolée!
Si tout les enseignants avaient la meme pensée que vous,peut etre que notre systeme scolaire s,en porterais beaucoup mieux..Soyez patient, prenez soin de vous ,donnez vous du temps et profitez de chaque petit plaisir…
il faut du temps pour guérir de ces blessures et pour pouvoir donner aux autres il faut être bien soi même, sage décision
Ouf, je prends difficilement le commentaire précédent… Moi aussi je suis une enseignante précaire, mais qui a eu beaucoup de chance! Malgré avoir été absente pour deux grossesses et congés de maternité, j’ai de beaux contrats à toutes les années. Néanmoins, je trouve très lourd pour les enseignants et enseignantes de devoir porter une bonne partie des blâmes pour les difficultés de notre système scolaire. Je me considère comme une bonne enseignante, tout comme mes collègues de travail rencontrés depuis les 6 dernières années. Quelle sorte de dévotion devons-nous avoir exactement??? On nous demande beaucoup, on nous critique souvent…. Peut-être n’est-ce pas surprenant qu’un enseignant sur 5 quitte la profession dans les 5 premières années.
Bravo! Tout simplement bravo!
« Les enfants ne doivent pas souffrir parce qu’on n’est pas capable de faire notre job. En tout cas, je sais que je ne veux pas leur infliger cela. »
100% d’accord, et comme l’a dit quelqu’un en commentaire, c’est effectivement très sage. Mais il faut comprendre que notre système actuel ne valorise pas ce type de sagesse, avec peu ou pas de reconnaissance, sinon morale. Autrement dit, ce choix de reporter le retour au travail a un coût $ important, et ce coût doit être supporté entièrement par l’individu. Vous me direz qu’un retour précoce aurait un coût important également (risque de dépression accrue, etc.) et vous aurez raison. Au final, plus de support est nécessaire.
+1 au commentaire d’Émilie S.B., et merci les enseignants!
🙂